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octobre 2009

UN VISAGE, UN JOUR: JEAN BODART (La Voix du Nord - Mardi 20 octobre 2009)

 Sur le chemin de la retraite, le chanteur va reprendre sa route
 
CHANSEM n'a plus de permanent. Jean Bodart, qui travaillait pour l'association de Rosult depuis 1986, a pris sa retraite voilà quelques jours. Mercredi, à Lille, il dira au revoir à ses partenaires du projet petite enfance, avec qui il a oeuvré pour la chanson et la musique, comme il l'avait fait dans maints établissements scolaires et crèches de toute la région. Désormais, celui qui se dépeint volontiers comme « chanteur saltimbanque » va pouvoir songer davantage à sa propre carrière d'auteur, de compositeur et d'interprète.

À qui ça tient, parfois, une carrière ? À la passion, d'abord à des rencontres, souvent. Jean Bodart n'a échappé ni à l'une, ni aux autres. Cet enfant d'agriculteur, « pensionnaire dès l'âge de 9 ans », s'est vite mis à la musique. « À 12 ans, je faisais déjà partie d'une chorale et j'ai eu la chance de pouvoir chanter dans la Chapelle Sixtine », s'amuse-t-il. Bon d'accord, c'était lors d'une visite de classe à Rome, et pas lors d'un concert officiel, mais quand même... La guitare le démange rapidement il écoute Brassens, Brel et Ferrat... puis Ferré « qu'on connaissait moins mais qu'un surveillant m'a fait découvrir ». En 1967, Jean Bodart écrit sa première chanson.

Plus tard, après que René Cardon - un prof de musique passionné, dont nombre de lycéens arrageois se souviennent - lui eut écrit une partition sur ses paroles, il se retrouve pour la première fois sur scène, pour un concours lancé par feu l'ORTF (l'ancêtre de France Télévisions)... « qui n'avait pas donné grand chose ».

Et nous voilà en mai 1968. Comme beaucoup d'autres, son lycée (Baudimont à Arras) est sur la brèche. « On occupait et on en profitait pour écrire "des choses". Avec des copains, on préparait des animations mêlant théâtre et chanson », se souvient Jean Bodart. En juin, il ne décroche pas son bac (forcément !), mais un certificat de fins d'études secondaires, qui lui ouvre les portes de l'école d'éducateurs spécialisés de Lille.

Sur scène

Dès l'année suivante, il retrouve Jean-Marie Denis, alias Petroucka, avec qui il monte un spectacle de théâtre poétique qui tournera dans la région trois années durant. Son implication dans des groupes de musique traditionnelle, et l'orientation plus théâtrale de son complice de l'époque, conduiront alors Jean Bodart à se produire « tout seul, accompagné d'un guitariste », avec ses propres textes et ses musiques. Pour interpréter de la « bonne chanson française ». Bonne ? « Ce n'est pas à moi de la juger, modère le troubadour. Ce que je cherche, c'est établir un lien entre le texte, la musique et l'interprétation. L'important est mettre du sens dans ce que l'on veut exprimer et dans la manière de l'interpréter. Et cela, sans forcément avoir le " business " en arrière-pensée. » Une philosophie à des années-lumière, donc, de certains chanteurs météores.

Sa passion pour la chanson, Jean Bodart n'a pu en vivre exclusivement qu'à partir de 1986, peu après la création de l'association CHANSEM (Chanson, expression, musique). Pour elle, et avec elle, il a multiplié les interventions « passionnantes et très prenantes » dans les crèches et les écoles pour un public âgé de 0 à 10 ans. Désormais, Jean Bodart entend bien continuer de faire un bout de chemin avec l'asso, « comme intermittent retraité ! ». Mais le chanteur veut sans doute aussi profiter de sa cessation d'activité professionnelle pour écrire pour lui. « Mais il faut me laisser un peu de temps ça ne fait que 15 jours que je suis à la retraite, rigole-t-il.

Et vingt-cinq ans, ça en fait des paquets d'archives à ranger... » •

FRANÇOIS GÉRIN